lun. 18 sept. 2023

Mais... est-ce que c’est fiable ?

phi   intro  

La question « Mais… est-ce que c’est fiable ? » m’a été posée par un proche, et bien que la formulation m’ait un peu surpris, je me suis dit que la question était légitime et qu'il valait le coup d'y répondre.

Je l’ai fait très brièvement dans mon FAQ, en indiquant les pistes principales (à gros traits) susceptibles de « limiter », pour ainsi dire, la « fiabilité » de mes outils. Les grandes lignes :

Il y a une autre façon de comprendre la question de la « fiabilité », selon un autre angle d’attaque, — celui du modèle de personnalité.

qu’attend-t-on d’une description de la personnalité ?

Quand on se demande si une montre ou le moteur d’une voiture sont fiables, on voit bien de quoi on parle : on se demande si cet objet correspond à ce qu'on peut en attendre.

Mais dans le cas d’une description de la personnalité ?
Quelles pourraient être nos attentes ?

J’invite celui qui s’interroge sur la « fiabilité » d’une description de la personnalité à se poser la question pour lui-même avant de lire la suite.

la fiabilité réclame un modèle

On jugera qu'une montre est fiable si elle donne l’heure correctement. Pour s'en assurer, on comparera l’heure qu'elle donne avec celle d’une autre, dont on connaît — ou dont on croit connaître — la fiabilité2.

Mais dans le cas d'une description de la personnalité, dispose-t-on d’un « modèle » qui nous permette de juger de sa « fiabilité » ?

Un « modèle », c'est-à-dire, même une simple « image » qu'on aurait spontanément de notre personnalité, ou une image plus élaborée, qui entrerait par exemple dans le cadre d’une théorie de la personnalité.

Il existe de nombreux modèles de la personnalité et du caractère ; les plus connus sont le MBTI et le FFM ; chez nous, nous avons eu la magnifique caractérologie franco-hollandaise.

À mon avis, le commun des mortels (j’en fais partie) dispose d’images très limitées de sa propre personnalité. Ce qui est à la fois « normal », et étonnant. J’en touche un mot dans cet article, qui interroge l’expérience que nous faisons (spontanément) de notre personnalité.

quel modèle pour la personnalité ?

Si on porte la question à un niveau théorique, on doit comprendre qu'il n’existe pas de modèle de la personnalité qu'on puisse qualifier de « fiable », « garanti à 100% », ou avec le label « approuvé par la science ».
Il existe des modèles, plus ou moins populaires, plus ou moins concurrents, plus ou moins étudiés et plus ou moins consensuels.

Ces modèles sont intéressants, et ils pourraient se montrer utiles dans le cas qui nous occupe.

Par exemple, j’ai beaucoup de respect pour l’effort entrepris par la caractérologie franco-hollandaise au XXᵉ siècle, par l’élégance et la praticité du « modèle ». J'ai d'ailleurs réalisé une étude micro-statistique sur la correspondance entre astrologie et caractérologie3.

Je pense qu'il y aussi a une affaire de goût dans cette histoire4, et pas seulement de « science »5.

Mais, même si j'ai la ferme conviction que le caractère (ou la personnalité) restent largement déterminés par nos étoiles, je ne crois pas que la personnalité soit un objet aux dimensions fixes. Je ne pense pas qu'on puisse la « capturer » dans tel ou tel modèle.

Non seulement les modèles de la personnalité co-existent6, mais ils vivent et meurent. Ils évoluent avec l’histoire humaine, et avec la représentation que nous avons de nous-mêmes.

la personnalité astrale et la pratique

Enfin, avant de chercher un modèle qui pourrait7 être utilisable en astrologie, on peut se demander si les « facteurs » de personnalité qu'on tire de l’analyse astrale sont de la même nature que ceux tirés des modèles de la personnalité classiques. Il me semble que non.

Les modèles de la personnalité classiques s’établissent empririquement, en partant de l’observation, en puisant dans le langage ordinaire, et passés ensuite à la moulinette de l’analyse mathématique et statistique, sur la base de questionnaires adressés en masse à des sujets.

Les « facteurs » astraux8 quant à eux, sont d'abord des symboles, qu'on ne peut pas considérer comme de simples « traits de personnalité », et qui peuvent même se montrer contradictoires entre eux (cf. cet autre articles qui évoque des contradictions). Ils possèdent donc, par définition, une dimension potentielle.

On le voit, la question de la « fiabilité » ouvre à des questions théoriques qui sont loin d’être résolues. Des questions légitimes, mais qui peuvent en partie être contournées.

Car, quelle que soit sa « fiabilité » ou sa « robustesse », toute théorie doit, finalement, se mettre au service de la pratique. En fin de compte, ce dont on jugera, c’est du service rendu par une description de la personnalité.

Et en cette matière, il revient à chacun de juger.

Testez l’Astro-Graph ou l’Astro-Book , et demandez-vous s'il vous rendent service, comment et pourquoi !

Notes de bas de page:

1

Cette perte est inévitable du fait de la traduction : un symbole contient « plus » qu’un trait de personnalité ou qu’un complexe psychologique.

2

À première vue, on pourrait croire qu'on peut juger de la fiabilité de quelque chose absolument, sans modèle de référence, juste par expérience de l’objet. Mais pour prendre un autre exemple, celui de l’automobile, je crois que pour juger de sa fiabilité, nous avons encore besoin d’autres automobiles qui nous servent implicitement de référence. Car, s’il n’existait qu'une seule automobile, comment jugerait-on de sa « fiabilité » ? On en jugerait forcément de manière arbitraire. L'un pourrait dire qu'elle est fiable, et l’autre non, en fonction de ses critères personnels. Il me semble, comme on va le voir, qu’en astrologie de la personnalité, on se trouve dans une situation comparable à celle de la « première automobile ». Mais j’anticipe.

3

Elle a été publiée sur le blog du statisticien en astrologie Didier Castille à cette adresse.

4

Comme disait Bernard Stiegler, le savoir, pour une large part, c’est la saveur, — le goût.

5

Certains spécialistes des théories de la personnalité expriment des réticences intéressantes sur la consistance des modèles dominants en théorie de la personnalité, comme J. Block, The Five-Factor Framing of Personality and Beyond:Some Ruminations, 2010, http://dx.doi.org/10.1080/10478401003596626

6

Cf. par exemple ici.

7

La recherche en cette matière reste, hélas, marginale, et le fait de chercheurs isolés, éloignés des circuits subventionnés. On pourrait d'ailleurs dire la même chose en ce qui concerne la recherche en théorie de la personnalité en France (mais pas dans le monde anglo-saxon).

8

Ont-ils été établis empiriquement ? Lourde question, que je me garderai de réduire à la portion « naturaliste ».