Comment lire un Book (2) ?
Cet article aborde deux questions (importantes) que vous vous poserez sans doute à la lecture de votre Book ou de votre Graph :
1° celle des « contradictions » entre différents éléments ;
2° celle des propositions qui semblent « trop générales »1.
les contradictions
Oui, un thème peut contenir des « contradictions » — parfois très littérales — entre différents éléments. Comment est-ce possible ?
Prenons l’exemple d'une personne qui a Mars et Vénus à l’Ascendant. Avec Vénus, elle aura tendance à respirer la douceur et la convivialité.
Mais avec Mars, elle aura tendance à aborder les autres de façon agressive !
Ces deux attitudes apparaissent comme contradictoires dans les termes.
des contradictions entre symboles …
Évidemment, il n'y a aucune contradiction « logique » (astronomique) à trouver Mars et Vénus à un même endroit du ciel. C’est en traduisant ces positions en termes astrologiques et psychologiques qu'on rencontre une « contradiction ».
Pour mieux comprendre la situation, séparons le symbolique et le psychologique.
Dans notre exemple, les symboles Mars et Vénus ont clairement quelque chose de « contradictoire » : Vénus solidarise, Mars désolidarise ; Vénus veut la « paix », le repos, la concorde, l’harmonie, — Mars la « guerre », le mouvement, la transgression, le conflit, etc.
Mais la question est de savoir comment cette contradiction sera vécue en nous, sur le plan psychologique.
Plusieurs scénarios sont envisageables.
… aux contradictions en nous
1° Cela semble « logique » : on ne saurait être « doux » et « agressif » en même temps.
Mais on peut l’être alternativement, selon les circonstances.
2° On peut comprendre aussi la « contradiction » comme division intérieure. Comme tiraillement. Car nous sommes des êtres sujets à la contradiction — que celle-ci se manifeste dans notre comportement extérieur, ou qu'elle soit vécue intérieurement. Il faut insister sur ce point : la vie psychologique n’est pas sujette à la même « logique » que la logique commune, et surtout pas à une logique de type « binaire ».
3° On peut encore imaginer d’autres formes d’intégration psychologique : des tendances contradictoires pourraient « s’enrober » l’une l’autre, et coexister, d'une certaine manière. Comme une confusion des sentiments.
4° Enfin, — et l’expérience de l’astrologie le confirme : un des deux pôles de la contradiction peut simplement dominer l’autre. On pourrait dire alors que la contradiction symbolique est « résolue » psychologiquement2.
Bref, les contradictions
Laisser telles quelles les contradictions dans le texte procède d’un parti pris (en ce qui concerne les outils que je propose) : celui d’en rester au niveau de l’analyse3, et de laisser le lecteur face… à ses contradictions !
les tautologies
À l’inverse, des interprétations peuvent donner l’impression d’être tellement générales qu'elle semblent convenir à tout le monde, et ainsi ne rien dire de quelqu'un en particulier — ce qu'on appelle en logique des tautologies. Mais il ne faut pas se méprendre, comme le font certains pseudo-sceptiques qui dégainent parfois des arguments logiques avant de chercher à comprendre4.
Prenons un exemple. Dans « Saturne en Cancer », Arroyo dit5 : « Accepter ses émotions et les exprimer de façon précise est particulièrement important, bien que souvent difficile ». On peut comprendre cette phrase comme une « tautologie » : exprimer ses émotions de façon précise est toujours difficile. Pour n'importe qui. Les natifs de Saturne en Cancer ne feraient donc pas exception, et on énoncerait alors une généralité vide de sens.
Mais ce qu'on doit comprendre, c’est qu'il sera plus difficile pour Saturne en Cancer d’exprimer ses émotions que pour Saturne dans d’autres signes. Autrement dit, avec une telle proposition, on invite les natifs avec Saturne en Cancer à interroger leur capacité à exprimer et à préciser leurs émotions. Ce qui a un sens performatif6, dans un contexte de comparaison avec les autres positions de Saturne dans les autres signes. À la différence de Saturne dans d’autres signes, Saturne en Cancer serait davantage en délicatesse avec l’expression des émotions.
Notes de bas de page:
Techniquement, on les appelle des tautologies. Une tautologie, c’est une proposition qui n’ajoute rien à celle qu'on vient d’énoncer. Au plan logique, cela revient à formuler A = A. Voir https://www.cnrtl.fr/definition/tautologie
Des indices dans le thème pourraient inciter à penser que, par exemple, c’est Mars qui domine le thème (prégnance du Feu, Vénus beaucoup moins aspectée que Mars, etc.) Mais l’interprétation astrologique est un exercice délicat : les effets d’affinité et de résonance entre les planètes, les maisons et le Zodiaque font que l’issue d’une contradiction est rarement facile à déchiffrer … Et encore moins à coder dans des algorithmes !
Pour les raisons évoquées dans la note précédente.
On touche ici à une critique récurrente de l’astrologie. Pour en savoir plus, voir mon article sur « l’Effet Puits » ou « effet Barnum ».
Dans Chart Interpretation Handbook, p.84 (ma traduction).
En analyse du langage, une proposition performative est une proposition qui invite à une action dans le monde réel. Dans notre exemple, « l’action » consiste à s’interroger sur notre capacité à exprimer nos émotions. Dans ce sens, ce n’est donc pas une proposition vide de sens.