ven. 22 sept. 2023

Se dépasser

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La dernière section du Book ou le dernier schéma du Graph sont consacrés au « dépassement de soi ». On y regarde aux quatre dernières planètes du système solaire, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton.

Pour une grande partie, on y trouvera des éléments — des aspects, au sens astrologique — déjà mentionnés dans les sections précédentes1. Pourquoi maintenir ce schéma, qui est très redondant ?

D'abord, par souci de complétude : malgré son caractère redondant, cette section comporte toujours des éléments qui n'ont pas été abordés précédemment. Mais surtout, il m’a paru intéressant d’offrir une perspective de synthèse sur les quatre dernières planètes du système solaire parce que ces planètes représentent des défis très particuliers pour la psychèsurtout les trois dernières.

En effet, Uranus, Neptune et Pluton ont été découvertes « récemment » — à l’échelle de l’histoire humaine2, et j’ai envie de dire : nous ne connaissons pas encore très bien leurs intentions.

Voyons comment on peut apparenter ces planètes à différentes formes de « dépassement » de soi. Je commencerai par la mieux connue, Saturne.

Saturne ou la limitation

Pour ne garder qu'un mot-clé, j’ai choisi limitation : Saturne est la planète de la responsabilité, du sérieux, du travail, de la réalisation de soi et de la connaissance. Et par extension, de la peine, de l’inhibition, de la souffrance, de la mélancolie, etc.

Le secteur d’existence qui lui est associé est la maison 10, justement associé à la manière que nous avons de nous réaliser, dans le monde extérieur, d'où son association avec le travail, la carrière, le parcours professionnel.

Avec Saturne, le dépassement de soi peut être apparenté à l’abnégation.

Abnégation, selon le CNRTL :
« Renoncement, sacrifice volontaire, consenti dans un intérêt supérieur et portant sur (une partie de) soi-même ou sur une valeur qui représente généralement un intérêt, une ambition, une satisfaction légitimes, etc. »

Uranus ou l’individuation

Uranus « tire » dans un sens opposé à Saturne. Nous aurions affaire ici à quelque chose comme l’individuation, à ce qui nous pousse à nous « singulariser », à ériger notre individualité, en nous libérer du poids des déterminations extérieures (représentées notamment par Saturne). Uranus nous pousse à expérimenter de nouvelles façons d’être, de vivre, hors des conventions et des routines (Uranus fait souvent les originaux).

Lee dépassement de soi peut être compris ici de façon quasiment littérale : repousser les limites de la « vieille individualité », sortir d’un « ancien soi » pour en activer un « nouveau ».

Neptune ou l’intégration

Neptune agirait dans un sens opposé. Elle pousserait à nous « intégrer » — mais attention, pas à nous intégrer socialement ! — plutôt à nous intégrer à un ordre plus vaste, « cosmique », ou « spirituel », ou si on veut, « divin » — et le cas échéant, en désintégrant l’ego. Ce qui est somme toute logique : pour intégrer un ordre plus vaste, il faut désintégrer l’ordre précédent, moins vaste. Ce qui explique les conduites sacrificielles qu'on attribue souvent à Neptune.

On notera le paradoxe de l’intégration neptunienne : désintégration de l’ego en vue d’une intégration spirituelle supérieure.

Pluton ou l’empuissancement

Pluton est liée à l’acquisition de puissance et de pouvoir. Par transformation et en pénétrant au coeur des choses. Pluton creuse, fouille, déterre, et révèle. Il « joue avec le mécanisme ».

Pluton nous fait nous dépasser par acquisition de nouveaux pouvoirs sur nous-mêmes — mais aussi (et peut-être surtout) sur les autres (ce qui apporte une note d’ambiguïté, dont je vais reparler).

Elle représenterait3 « la dernière étape » du processus d’évolution — ou d’involution —, individuelle et collective. On l’apparente notamment au « Grand Oeuvre » alchimique.

remarques

Ce que je viens de dire donne un schéma des effets des trans-saturniennes sur la psychè.

Je pense qu'on peut défendre l'idée que ces planètes ont un rapport avec le « dépassement » de soi. Mais on voit que ce dépassement a quelque chose d’ambigu, surtout avec Neptune et Pluton : Neptune cherche à désintégrer l’ego, et Pluton, à le démonter, le « mettre en pièces » — mais peut-être surtout, en premier lieu, chez les autres.

Mais c’est justement à cause de ce genre d’ambiguïtés que ces planètes constituent un défi pour la psychè individuelle4, un défi qu'on peut justement apparenter à un dépassement de soi.

… Même s'il reste bien difficile de préciser vers quoi Neptune ou Pluton cherchent à nous faire nous dépasser. On pourrait dire d'ailleurs que ce sont ces planètes qui nous dépassent, en même temps qu'elles nous invitent à nous dépasser. Au mieux, on peut pressentir vers quoi (intégration spirituelle, acquisition de nouveaux pouvoirs). Mais le préciser, c’est à chacun qu'il revient de le faire. Ce qui n’est pas une mince affaire…

D'autant que nos trans-saturniennes présentent (encore aujourd'hui) une forte ambiguïté axiologique5. Il n'y a pas si longtemps, elles étaient sommairement considérées comme néfastes

Notes de bas de page:

1

Chaque section étant relative à une (ou deux) planètes, et un aspect engageant toujours deux planètes, chaque aspect sera mentionné dans deux sections différentes. Dans le Book, la seconde mention fait l’objet d’un renvoi vers l’interprétation déjà donnée précédemment. Dans le Graph, les titres aspects apparaissent deux fois. Cette « redondance », plus discrète dans le Book que dans le Graph, se justifie par l’intérêt à disposer d’une vision d’ensemble à chaque niveau de l’interprétation.

2

Elles sont découvertes aux XVIIIᵉ, XIXᵉ et XXᵉ siècles.

3

Comme on sait peut-être, Pluton partage avec Neptune les confins du système solaire. Selon le jeu de leurs excentricités respectives, il arrive que l’orbite de Neptune soit plus lointaine que celle de Pluton.

4

Et pour notre relation avec les autres.

5

Axiologique : c’est l’adjectif qu'on emploie pour qualifier ce qui ressort de la morale, du bien et du mal.