mer. 15 févr. 2023

Le sage domine et chasse la nature

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Nombre d’astrologues (français, surtout), finissent, à un moment ou un autre, par lâcher la fameuse formule (médiévale) :

Le Sage domine ses astres1.

Hélas, bien « souvent », la proposition tourne court. — En vérité, jamais je n’ai lu un astrologue développer un peu sérieusement le sens que cela pourrait avoir. Il faut bien dire que la tâche n’aurait rien de trivial. Je dis « n’aurait », car moi non plus je ne vais pas plus m’aventurer sur un terrain aussi miné, qui réclame pas moins qu'une « théorie de l’homme » tout entier, une représentation claire de la psychologie, de la « sagesse » et de la détermination astrale, conjointes. Il va sans dire que l’astrologue n’est pas mieux formé qu'un autre à une mission de ce genre. C’est pourquoi, quant à moi, je m’abstiens volontiers du recours à la formule.

Je vais même plutôt prendre le contrepied de cette formule, et en proposer tout de suite une autre, que tout le monde connaît :

Chassez la nature, et elle revient au galop !2

Tout le monde sait ici plus ou moins de quoi on parle. Il est bien difficile de se réformer. Or, par la nature de sa vocation, l’astrologue est obligatoirement et immédiatement confronté à ce problème de la détermination, non pas seulement sur le plan théorique, mais bien sur le plan de la pratique… ll faut donc qu'il tranche.
Alors ? Le sage domine ses astres ou la nature revient au galop ?

Il va de soi qu’aujourd'hui, l’astrologue, suivant le reste du monde, a choisi le parti de la « liberté »3. Nous serions toujours libres, d'une manière ou d'une autre, de « résister » à la détermination astrale. Je ne le contesterai pas, par principe, mais non… par expérience, ni par l’observation des autres, ni de moi-même. Car il est bien difficile de se réformer. Est-ce le rôle de l’astrologue, de dire comment ? Ce n’est pas clair et je laisserai pour l’instant cette question de côté. Car je crois, pour parler encore une fois selon la sagesse populaire, que ce serait mettre la charrue avant les boeufs.

Avant toute chose, j’inviterais à faire reconnaître ces tendances à l’oeuvre. Et c’est là ce que je crois apercevoir le trésor véritable, presque palpable, et, qui plus est, à portée de main, de la connaissance de soi par l’astrologie.

Oui, ce trésor de l’astrologie, c’est de nous offrir une carte de notre négativité. Je dis bien de notre négativité, car il est entendu que si on cherche à « chasser le naturel », c’est rarement pour éradiquer nos qualités. Certes, elles aussi, il faut les reconnaître, et se les approprier (on verra plus tard, car ce n’est pas le plus urgent). Mais le moment sans doute le plus crucial de notre rencontre avec notre thème se trouve dans la reconnaissance de notre négativité.

Cela aide, ou doit aider. Je ne m’étendrai pas ici, je l’ai dit, sur le comment. Reconnaître est déjà tout un programme. Et on a des raisons de croire dans les vertus cathartique et transformatrice de cette reconnaissance.

Notes de bas de page:

1

On en trouve de nombreuses variantes, comme «Le Sage est maître de ses étoiles», « le sage domine le ciel », etc.

2

Celle-là est bien identifiée, voir ici. Elle est notamment utilisée, ce que j’ignorais, avec une référence immédiate au caractère : Je ne vous dirai pas, changez de caractère ;
Car on n’en change point, je ne le sais que trop ;
Chassez le naturel, il revient au galop. — (Philippe Néricault dit Destouches 1680-1754, Le Glorieux, p.385, in Le Théâtre Choisi du XVIIIe siècle, tome 1, Librairie Garnier Frères)

3

Quitte, parfois, à prendre des positions de contorsionnistes. Ainsi, certains ne veulent plus du tout entendre parler de « déterminations ».